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Dans notre texte « L’Etat de la Postmodernité » (avril 1920) nous décrivons ce concept de Postmodernité.  Depuis des années, nous sommes confrontés à des changements profonds qui impliquent une série de mutations.  Celles-ci ont commencé avec les remous estudiantins de Mai 68.

Ces changements sont marqués, à la fois par la continuité, et à la fois par les transformations profondes.  Continuité d’un système en proie à ses contradictions économiques irrémédiables; transformation d’une société qui, comme tout organisme vivant, bouge, évolue, s’adapte pour survivre. 

 

Plus le capital progresse, comme il l'a fait depuis 1914, et plus particulièrement depuis 1945, plus ce « progrès » se révèle être régressif; une menace mortelle à la poursuite de l'existence de l'espèce humaine.  Les écologistes découvrent aujourd’hui ce que Marx développait déjà au XIXème siècle.

 

Mais un changement est intervenu : il est vrai que l’exploitation n’a jamais cessé de se renforcer mais elle prend des formes différentes avec la plus-value relative : La création d'un vaste surplus de population, qui résulte des effets de l’automation, dont l'exploitation n'est désormais plus nécessaire ni profitable (à n'importe quel niveau de salaire), a jeté les graines d'orgies nouvelles et plus dévastatrices de meurtres de masse, organisés de façon délibérée par l'État capitaliste, voire même au détriment de la santé, comme on peut le constater dans les pays « émergents ». 

 

Indiscutablement, le monde tel qu’il se définissait après les deux guerres mondiales a vécu et si la crise, l’exploitation et la barbarie sous toutes ses formes continuent à marquer le cours de l’histoire, les termes ne s’en définissent plus de la même manière sur le plan de l’organisation économique et politique de la production et de l’organisation sociale, de la manière dont la loi de la valeur infiltre les domaines les plus privés de l’activité et de la pensée humaine. 

La destruction, comme les deux guerres mondiales l’a montrée, devient inhérente au capitalisme, pas seulement dans la violence déclarée, civile ou militaire. Partout la bourgeoisie organise l’obsolescence des objets, c’est-à-dire que la durée de vie des objets, des produits industriels, est abrégée volontairement : le prêt à jeter se généralise, l’industrie du gadget se développe, quitte à permettre l’émergence d’une idéologie prônant la voie de la « récupération » d’objets (consommer utile)... L’armement entre dans la production pour la croissance.

Mais avec les changements économiques de la fin du 20ème siècle, les relations sociales se transforment, ce que nous définissons comme postmodernité, laisse ainsi entrevoir de nouveaux dysfonctionnements : remise en question du savoir rationnel, de la fonction du père, de la famille, crise de la symbolisation, perte du mot, tout cela au profit de la « compétence », de la citoyenneté, à savoir la compétence pour être exploité.

Depuis, malgré le discours « pacifiste » de la bourgeoisie, les conflits armés se multiplient.  L’après-guerre avait partagé le monde en deux blocs impérialistes concurrents, la dynamique de « mondialisation » a progressivement fait voler en éclat les murs trop rigides.

Ceci explique l’utilisation du terme « postmodernité », pour indiquer ce changement de période.

Si les années 60 marquaient la fin des occupations coloniales paternalistes, malgré l’œuvre « civilisatrice » des colonisateurs, l’exploitation des richesses en minerais et particulièrement des sources et de la circulation des énergies (gaz, pétrole) se fait sous forme de « partenariats » entre les pays pauvres souvent abandonnés à leur soi-disant souveraineté nationale et les entreprises des pays développés. Les grandes puissances coloniales ne s’encombrent plus de construire des routes, des hôpitaux et des écoles dans les territoires colonisés mais vont désormais à l’essentiel de l’exploitation…Il suffit de se référer aux effets dévastateurs de la décolonisation du Congo.

L’écroulement du mur de Berlin constitue une métaphore dans ce processus et le visage de l’impérialisme aujourd’hui est représenté par un double mouvement : celui des ententes économiques passagères et de domination hégémonique d’un seul bloc d’une part, et d’autre part d’un accroissement sans précédent des tensions et des conflits impérialistes, entraînant une instabilité politique mondiale et une nécessité d’interventions et d’occupations militaires directes.  Les détachements américains se trouvent au Moyen Orient, en Asie.  Il y a Transformation de la vie économique : de nouvelles implantations économiques dans les pays à bas salaires se font jour. Pays émergents : Japon, Chine.  Brésil.  Pétro dollars. 

Mutations économiques : peut-on parler d’une nouvelle révolution industrielle ?

Le K évolue et passe d’une économie de production, à une économie de « consommation » : « Jouissez sans entraves », qu’on disait en Mai 68.  Avant l’on produisait une consommation minimale, pour survivre, dans la période actuelle, pour survivre il faut consommer le plus possible).  Le but du capitalisme est la production de Valeur et de profit, il ne faut pas oublier ce fondamental. La consommation n’est que le moyen de réaliser le profit. C’est confondre l’idéologie (consommez) et la réalité du fonctionnement du cap. De plus, avec les nouvelles technologies, l’augmentation de la productivité, il y a une perte de Valeur donc, une nécessité de produire toujours plus donc, de forcer à réaliser toujours plus.

 

La mondialisation, avec l’interdépendance des économies nationales, la circulation très rapide des biens et des capitaux, ainsi que le développement d’un capital fictif de plus en plus autonome représentent la capacité du système économique à contourner temporairement certaines de ses contradictions (tout en se fragilisant encore davantage).  La croissance se poursuit, mais une transformation s’opère : la croissance implique désormais la destruction pour pouvoir se maintenir. Il est vrai que le K a toujours eu besoin de détruire pour éliminer les surplus.  Les guerres le démontrent.  Mais aujourd’hui, la donne se modifie et le gaspillage s’intensifie.

 

De l’internationalisation à la mondialisation

La circulation internationale des marchandises n’est pas une nouveauté, car, comme le souligne Braudel[1], qui forgea le terme « d’économie-monde », ce phénomène existait déjà auparavant, de même que le marché, cher aux « Phéniciens ».  L’existence d’un vaste espace économique n’est pas un phénomène nouveau en soi.  L’Empire romain constituait déjà, en son temps, un marché « international » méditerranéen.  Par la suite, on ne compte plus les routes commerciales internationales : routes du sel, de l’or, des épices ou de la soie… Il s’agit d’échanges internationaux fonctionnant au rythme du transport équestre et maritime d’abord, du transport motorisé ensuite, impliquant de nouvelles transformations.  Le processus d’extension territoriale accompagne le mouvement d’accumulation du capital, dans les limites imposées politiquement par ce qu’il est convenu d’appeler l’Etat.  Celui-ci intervient pour protéger le mouvement d’accumulation, soit en fermant les frontières, par le protectionnisme douanier, soit en les ouvrant.

 

Alors que l’internationalisation prenait appui sur les Etats-nations, la mondialisation des moyens technologiques, en mobilisant d’autres acteurs, échappe à leur maîtrise. 

 

A l’encontre de l’internationalisation, la mondialisation suppose, en effet, un foisonnement d’échanges, un « réseau de globalismes localisés et de localismes globalisés ».  La rupture des frontières nationales renforce d’abord l’effet de fragmentation.  Avec l’explosion des flux inhérents à la mondialisation et la porosité des frontières qui en résulte, la coïncidence du droit et de la souveraineté ne vont plus de soi.  Un nouveau droit international apparaît également, droit contractuel produit par des acteurs transnationaux comme les cabinets d’arbitrage commercial, droit qui tire sa pertinence de son adaptabilité au marché. 

 

La numérisation

Aujourd'hui, avec la postmodernité, on est confronté à un mouvement de restructuration du K, qui passe de l'ère de la production industrielle à la consommation numérique, ce qui permet toujours une valorisation du capital avec une production nouvelle.  Cela entraîne des changements  : pour les travailleurs, exclusions, angoisses, insécurité.

 

Ce que nous appelons révolution de l’information est en fait une révolution du savoir.  Ce n’est pas la machine qui a permis de standardiser l’ensemble des opérations de production, l’ordinateur a seulement servi de déclencheur.  C’est l’analyse logique systématique à la réorganisation du travail traditionnel fondé sur des siècles d’expérience qui a été bouleversé.  Le Fordisme s’est adapté pour que se développe une automation éliminant petit à petit l’intervention de l’homme.

 

C’est le Début de la numérisation, tournant 1980, il y a apparition de l’ordinateur personnel.  Le technologique prend de l’ampleur.  Une nouvelle gestion économique apparaît : on passe de la contrainte à la persuasion, c’est cela la postmodernité.  Le K financier émerge, le change devient flottant.  La mondialisation est à l’œuvre. 

Ces quarante dernières années ont vu une accélération sans précédent de la capacité du système à se transformer. L’utilisation des nouvelles technologies ont modifié profondément les formes d’organisation du travail, la composition de la classe ouvrière et la notion de travail productif.

 

La cybernétique

Images intégrées 1

La société technologique, cybernétique a tendance à faire de l’homme des appendices de la machine, machines industrielles ou cybernétiques.  Cette société réprime les besoins d’être vivants, d'être actifs, de créer, d'aimer; si elle permet les hommes de communiquer entre eux, via les réseaux sociaux, on peut s’interroger sur la capacité d'être solidaires.  Le processus techno-industriel a instauré la division généralisée, sociale et technique, du travail, nécessitant toutefois l'installation d'un nouvel espace pour permettre l'exploitation : l’atelier informatisé virtuel. 

La science se réduit à la technologie. Les connaissances se parcellisent.  Difficultés pour élaborer un savoir.  Ceci permet de comprendre les errements des « scientifiques » face à la pandémie.  Il n’y a plus de références totalisantes expliquant le monde.  Les exports apportent des connaissances parcellaires.

L’algorithme permet de prévoir, et d’évaluer en fonction de la valeur argent. Il y a Automation généralisée, sans intervention humaine.

La Restructuration numérique entraîne une sélection.  Décomposition de la classe ouvrière liée à la production industrielle, au profit d’une recomposition d’une classe de travailleurs liée à la consommation numérique (intégration de nouvelles couches sociales).

Donc, même si la production augmente, le capital ne fournit pas de travail pour une partie croissante de la population mondiale. De plus, ce n'est pas simplement un phénomène d'armée industrielle de réserve qui sert à maintenir le niveau des salaires bas.  C'est une masse humaine qui est devenue un fardeau insupportable pour le capital; une masse qui ne peut pas consommer, qui ne peut pas réaliser la plus­ value contenue dans la pléthore de marchandises qui sont produites, même si elle doit à la fois être maintenue et contrôlée jusqu'à ce que ou à moins que le capital ne puisse disposer d'elle.

 

Elle favorise, grâce aux nouveaux outils informatiques, l’expression d’agents jusqu’alors handicapés par la faiblesse de leurs moyens : les régions et les divers individualismes propres à la « postmodernité ».  Les individus ont accès au processus consommatoire de la production informatique.

 

Avec la domination formelle du capital, la loi de la valeur ne fournit pas directement les bases de la subjectivation de l'ouvrier.  Le capital prend simplement l'ouvrier comme il a été subjectivé dans le monde précapitaliste, et il ajoute essentiellement la discipline de l'entreprise, le législateur et le bourgeois au sujet humain tel qu'il l'a trouvé historiquement.  Cet aspect se transforme et ! la loi de la valeur pénètre profondément tous les mécanismes d’échanges humains, d’évaluation des compétences personnelles, etc. C’est un cadre de subjectivation direct et très important qui est en lien avec la réification.

 

 

Comprendre la crise qui se poursuit

Il ne faut pas oublier l’état de la crise économique actuelle, qui est sans aucun doute la plus grave par sa profondeur et par le nombre de pays qu’elle frappe.  Après avoir démarré en Asie en 1997, la crise a déstabilisé le Japon, puis s’est généralisée à d’autres pays émergents d’Europe (la Russie) et d’Amérique (le Brésil, le Mexique). 

 

Il s’agit d’une crise générale qui ne se réduit pas à un accident financier, mais touche les ressorts profonds de la croissance mondiale.  C’est la mondialisation financière qui est touchée.  Les débâcles se sont succédé à un rythme accéléré : krach boursier de 1987, crises des monnaies européennes puis mexicaine de 1994, crise des pays émergents d’Asie en 1997, crise de la Russie.

 

Le début du XXIème siècle n’échappe pas à la logique enclenchée.

Les crises précédentes avaient été maîtrisées car les acteurs publics jouaient encore un rôle important. 

Ainsi, la crise de la dette latino-américaine du début des années 1980 concernait la dette souveraine de pays en voie d’industrialisation, et non le secteur privé. 

 

Aujourd’hui, la configuration est totalement différente.  Les marasmes financiers qui se sont abattus sur les pays d’Asie impliquent essentiellement des acteurs privés.  Elles résultent d’interactions complexes entre une multitude d’acteurs obéissant à une logique micro-économique.  La forte interdépendance des économies nationales engendrée par la mondialisation accroît sa gravité.  On est confronté ainsi à la difficulté, voire l’incapacité où se trouve l’économie de marché mondialisée à s’autoréguler. 

S’impose dès lors, pour le capital, la nécessité de proposer dès maintenant un autre mode de régulation de l’économie mondiale en limitant le pouvoir exorbitant des marchés et en redonnant de l’importance à l’intervention de l’Etat par le biais de la taxation des opérations financières, en tentant de réduire les effets négatifs de l’interdépendance des économies.  Les intervention d’Etat sont sublimées, comme la crise du Corona nous le rappelle.  On s’apprête effectivement à connaître une inflation monstre.

 

 

Et les travailleurs

Ce mouvement de mondialisation, commencé dans les années 60, renforçant après mai 68, a entraîné une circulation et une flexibilité extrêmes de la main-d’œuvre internationale désormais sans racines et sans ennemi identifié – le patronat, au profit d’un pseudo solidarisme - mais en même temps confrontée à une unification progressive de ses conditions d’exploitation, ce qui permet potentiellement, une possibilité d’extension des luttes.  Ce dernier aspect avait déjà été mis en évidence par l’éclatement de grèves « sauvage » dans les années 70, entraînant une certaine méfiance – voire une méfiance certaine – par rapport aux organisations syndicales.

 

Un autre effet : La mondialisation actuelle correspond à l’émergence d’un « troisième type » de capitalisme depuis 1975.  Ce capitalisme n’a plus grand-chose à voir avec le capitalisme industriel qui, à sa naissance (1750-1820) rompit avec le capitalisme mercantiliste et esclavagiste.   De même pour les pays anciennement colonisés.  Mais cela a des répercussions et provoque des réactions nationalistes, voire pire.  La crise du Corona virus alimente lui aussi, ainsi des réflexes nationalistes. 

 

Il s’agit en effet de passer

  • D’un marché du travail où le salaire était basé sur les coefficients des conventions collectives, basés sur la correspondance entre une qualification (garantie elle-même par un diplôme et/ou l’ancienneté) et un poste de travail précisément décrit
  • À un marché des travailleurs où le salaire sera peu à peu « négocié » individuellement sur la base de « compétences » individuelles que le salarié pourra faire valoir. La différence est perceptible dans les mots utilisés : on voit bien qu’ouvrier « non qualifié » ne signifie pas la même chose que salarié « incompétent », dans un cas le travail est désigné, dans l’autre un jugement est porté sur la personne.

Un autre aspect majeur est l'explosion technologique de ce que l'on peut appeler la numérisation ou la digitalisation des biens. La forme numérique consiste en un texte composé essentiellement de 1 et de 0. L'informatique permet de mettre sous cette forme des biens, comme des biens de consommation tels des films, des tableaux, des morceaux de musique, des jeux, par exemple.

 

Mais aussi des biens de production, comme par exemple le logiciel qui conduit une chaîne de montage automatique d'automobiles. Un tel logiciel, même s'il a coûté des millions d'heures de travail à produire, peut être mis sous forme numérique dans quelques disques informatiques. Or les biens numériques ont cette spécificité qu'on pourrait dire "magique" qu'ils peuvent être reproduits avec un coût pratiquement insignifiant. Les biens numériques, une fois créés, échappent à la pénurie.

 

Sauf évidemment si celle-ci est imposée par la force, comme par exemple avec le copyright. Il n'y a pas de mot pour décrire cette qualité.  On pourrait dire que ce sont des biens "non-périsables".  C'est comme si une tonne de pétrole, une fois extraite, pouvait brûler éternellement. Ou comme si la plus complexe des usines pouvait être reproduite avec un clic de souris.  C'est encore un bouleversement énorme, difficile d'en sous-estimer l'importance, particulièrement pour ceux qui ont comme perspective l'avènement d'une société non-marchande, une société sans argent, basée sur la gratuité.  Le développement de biens de consommation et de production gratuitement reproductibles est un élément clé pour une société d'abondance, une société de "suffisance" dans laquelle on puisse éliminer l'échange marchand.

 

À propos des technologies nouvelles et les travailleurs

Au niveau de l'informatique, il s'agit essentiellement de la généralisation de l'emploi des ordinateurs puis des micro-ordinateurs qui permettent de rendre disponible au niveau du particulier la puissance informatique.  A la base se trouvent les micro-processeurs.  L'importance de l'avancée que constitue l'informatique peut être mise en relief sous deux aspects. Le premier c'est l'avancée qualitative qui se produit au niveau du rôle des machines.  Celles-ci ne sont plus simplement un outil, un appendice de la main de l'homme, mais des objets capables de remplacer l'homme dans un nombre toujours croissant de tâches. Elles peuvent en particulier faire des raisonnements, des suites de raisonnements logiques et prendre des décisions en fonction de critères préétablis, ce qui est énorme et qui n'existait qu'à peine dans les machines précédentes.  A cela vient s'ajouter le fait que cette machine peut posséder pratiquement les cinq sens de l'homme : la vue, (les ordinateurs savent par exemple reconnaître un visage), l’ouïe, le toucher et récemment de plus en plus le goût et l'odorat. De ce fait nous pouvons avoir des machines qui peuvent prendre des décisions en fonction de critères basés sur la perception de la réalité à travers les cinq sens.  Ça n'a l'air de rien, mais c'est un saut qualitatif du point de vue du progrès du machinisme et des moyens de production.

 

Il faut faire la distinction entre numération et automation

Contrairement à une idée reçue, l’automatisation ne libère pas les humains du travail, mais les asservit davantage.  

Ce sont des éléments technologiques différents et qui ont des impacts différents tant sur le plan de l’organisation du travail, de l’inessentialisation de la main-d’œuvre mais aussi de l’impact idéologique (réification)

 

Malgré des échecs répétés, la prophétie de l’automatisation libératrice se renouvelle sans cesse.  Une étude d’Oxford a récemment prédit que près d’un emploi états-unien sur deux était voué à disparaître d’ici vingt ans.  Moins alarmiste, l’OCDE estime tout de même que 9 % des emplois français présentent un « risque élevé d’automatisation ».  Si ces données ont de quoi faire peur, elles suscitent aussi certains espoirs.  Une partie des défenseurs du revenu universel s’appuie ainsi sur l’argument d’un surplus de temps et d’argent, libéré par les machines, que nous pourrions redistribuer pour le bonheur de tous : retour de l’utopie ?

Mais il existe un décalage considérable entre la façon dont on s’imagine l’automatisation et sa réalité concrète.  

Les ouvriers de l’automobile le savent bien, eux qui entendent depuis longtemps les promesses de qualification et d’autonomie tout en étant confrontés quotidiennement à l’intensification du travail et à la perte des savoir-faire.  Les médias participent pleinement à cette confusion : les journaux télévisés montrent des bras automatisés sur des chaînes de montage mais en arrière-plan les maladies du geste répétitif explosent.  Elles sont de plus en plus précoces, comme dans les entrepôts de la grande distribution ou ceux de la vente en ligne.  Et pourtant, les ouvriers de la logistique travaillent désormais avec de l’informatique : ils ont des écrans tactiles accrochés au bras ou des casques audios pour recevoir les ordres d’une voix numérique, une sorte de taylorisme assisté par ordinateur.

Même lorsque la machine brise la santé, l’automate reste la solution miracle.  Pour maintenir les cadences sans revoir l’organisation du travail, les industriels testent actuellement des exosquelettes et autres robots, ces robots collaboratifs censés accompagner l’humain.  Plutôt que de revoir l’organisation du travail, ils préfèrent pousser à son comble la logique techniciste en équipant le corps humain jugé trop faible d’un artefact mécanique.  Face aux impasses sanitaires, ils brandissent également le rêve d’une usine sans ouvriers, mirage qui s’éloigne dès qu’on s’en approche ».

Dans l’économie capitaliste actuelle, le travail n’est plus seulement ce sur quoi repose la production de la valeur. Le capital n’est plus essentiellement constitué de la plus-value issue du travail non payé dans le processus d’exploitation des prolétaires. Le capital se déploie et se développe de plus en plus sur des activités à haute valeur ajoutée : recherche, génie génétique, Internet, information, médias... Dans ces activités, la part du travail salarié peu ou moyennement qualifié est parfois extrêmement faible. Le capital prospère désormais sur la gestion des finances dans des mouvements spéculatifs de grande ampleur. La part de l’économie réelle décroît à mesure que le capital financier se développe.

C’est une question de fond très importante : qui touche les limites du capitalisme. Jusqu’où peut-il se transformer ? Tu fais l’hypothèse qu’il peut poursuivre son développement en s’appuyant sur le capital fictif. Mais, jusqu’où ? Et n’est-ce pas justement une des grandes contradictions du cap. Puisque la production de Valeur est ce qui fonde ce système et par quoi est-elle produite, si ce n’est par les prolétaires.

 

Aujourd’hui

Il se crée donc une situation nouvelle, qui pose à la philosophie marxiste, en un certain sens, des problèmes absolument contraires à ceux qui ont été résolus il y a cent ans. C'est précisément la pression de ces problèmes qui oblige à se tourner de nouveau vers Marx et Engels, et à examiner avec précision la façon dont ils ont abordé ces questions. Un tel réexamen révèle un fait qui, en dépit de son importance fondamentale, a été, au cours du siècle passé, tenu pour négligeable et la plupart du temps faussement interprété : c'est que Marx aussi bien que Engels, dépassant l'anthropologisme de Feuerbach, n'ont jamais dissous sans laisser de traces l'homme « naturel » dans l'homme « social », dans un homme produisant à l'échelle historique ses moyens d'existence, en un mot dans l'homme «économico-social» . 

Manifestement, le capitalisme implique autre chose en plus que l’exploitation économique des travailleurs, que la dépendance politique : l’aliénation.  Processus psycho-idéologique mis en évidence par Hegel et Marx, l’aliénation – individuelle ou collective – constitue une entrave au développement de l’initiative autonome, entrave au changement, facteur de conservation sociale, psychologique et idéologique.

Il n’est pas étonnant que cet aspect de l’œuvre de Marx ait été récusée par le stalinisme, le mot aliénation avait été rayé du vocabulaire, à la suite du congrès de Kharkov en 1929, congrès qui avait « rénové » les arts en URSS. : Marx hégélien, jeune Marx théorisé par le fameux concept de la coupure épistémologique développée par Althusser.  Quant à la compréhension du processus de réification, elle est complètement absente.

Que penser du postulat que la révolution n’est plus possible, car suite à la domination réelle du capital, la loi de la valeur a envahi tous les pores de la société ; les ouvriers sont intégrés au système de consommation, et l’idéologie (actuellement : campagnes anti-terroriste) est là pour assurer leur sujétion au capitalisme. Il n’y a pas d’espoir qu’une « prise de conscience » puisse s’opérer ?

FD

 

[1] BRAUDEL, F.   (1992).   Histoire économique : XVIIIè - XXè.siècle   Paris.  Editions Larousse.  B611

 

 

Tag(s) : #A discuter, #Crise
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